C’est quoi le deuil ? Définition du deuil

C'est quoi le deuil - définition du deuil

Le deuil est une expérience universelle que chacun rencontre tôt ou tard. Pourtant, malgré sa prévalence, il reste souvent difficile à appréhender et il est parfois tabou. On l’associe communément à la tristesse, mais il s’agit en réalité d’un processus psychologique, émotionnel et même physiologique beaucoup plus complexe. Chaque personne y réagit différemment, en fonction de son histoire, de son contexte culturel et du lien entretenu avec la personne disparue.

 

Le deuil est une réaction normale face à la perte

En psychologie, le deuil est défini comme le processus d’adaptation à la perte d’un être cher ou d’une réalité significative (Worden, 2009). Cette perte bouleverse l’équilibre de vie, les repères et même l’identité de l’individu.
La psychiatre suisse Elisabeth Kübler-Ross (1969) a popularisé le modèle des cinq étapes du deuil : déni, colère, marchandage, dépression et acceptation. Ce modèle, bien que fondateur, ne doit pas être vu comme un escalier à franchir étape après étape, mais comme une grille de lecture possible. Les réactions sont souvent cycliques et réapparaissent à certains moments-clés (anniversaires, fêtes, dates symboliques).

Les approches contemporaines insistent sur le caractère adaptatif du deuil : il ne s’agit pas seulement de « faire le deuil », mais de trouver une nouvelle manière de vivre avec l’absence, ce que Neimeyer appelle le reconstruction of meaning (2001).

 

Le deuil est représenté par une multitude d’émotions et de réactions

Le deuil entraîne une grande diversité de ressentis, parfois contradictoires :

  • Tristesse et nostalgie liées au manque,
  • Colère contre le défunt, la maladie, la vie ou même soi-même,
  • Culpabilité (« aurais-je pu éviter cela ? », « je me sens coupable d’avoir ressenti du soulagement »),
  • Anxiété face à l’avenir et à l’incertitude,
  • Soulagement, si la mort met fin à une souffrance.

Ces émotions peuvent alterner d’un jour à l’autre, voire d’une heure à l’autre. Il est important de rappeler que toutes sont légitimes. Les ignorer ou les juger peut freiner le processus de cicatrisation psychique.

 

Quand le corps exprime la douleur dans le deuil

Le deuil n’est pas seulement psychologique : il se vit aussi dans le corps.
Les troubles du sommeil, la fatigue persistante, la perte ou la prise d’appétit, les douleurs diffuses et même la sensation de « vide physique » dans la poitrine sont fréquemment rapportés. Certaines personnes décrivent aussi un ralentissement global : difficultés à se concentrer, sensation de brouillard mental.
Ces manifestations rappellent qu’un suivi médical ou un accompagnement par un professionnel de santé n’est pas un signe de faiblesse, c’est une aide précieuse pour éviter que la souffrance psychique ne se transforme en pathologie durable.

 

La vraie durée du deuil est relative à l’invividu. Il faut respecter son rythme

Contrairement aux représentations sociales (« il faut un an », « il faut passer à autre chose »), la durée du deuil n’est jamais la même d’une personne à l’autre.
Le modèle du Double Processus de Stroebe & Schut décrit bien cette réalité : l’individu oscille entre deux polarités : l’orientation vers la perte (pleurer, se souvenir, exprimer la douleur) et l’orientation vers la restauration (reprendre des activités, retrouver des projets). Cette alternance, parfois déroutante, fait partie du processus normal.

Il est donc essentiel de se donner l’autorisation d’avancer à son rythme, sans culpabilité. Les injonctions sociales (« sois fort », « tourne la page ») peuvent être blessantes car elles ignorent la singularité de chaque deuil.

 

Le deuil permet de se reconstruire progressivement

La reconstruction ne se limite pas à « aller mieux ». Elle implique :

  • Des ajustements concrets : réorganiser le quotidien, gérer les démarches administratives, réinventer une nouvelle routine.
  • Un travail de sens : trouver une manière de continuer à vivre malgré l’absence, parfois en s’appuyant sur les valeurs transmises par la personne disparue.
  • Des soutiens extérieurs : groupes de parole, associations, accompagnement psychologique, pratiques spirituelles ou créatives.

Les rituels symboliques jouent un rôle central : planter un arbre, créer un carnet mémoire, écrire des lettres, réaliser une cérémonie annuelle. Ils permettent de matérialiser le lien intérieur et de donner forme à l’indicible.

Peu à peu, la personne endeuillée se reconstruit.

 

Le deuil c’est accepter que la vie continue sans oublier

L’acceptation, souvent mal comprise, n’est pas synonyme d’oubli ni d’indifférence. Elle correspond plutôt à une intégration : reconnaître la perte tout en poursuivant sa propre trajectoire.
Les travaux de Klass, Silverman et Nickman (1996) sur les liens continus ont bouleversé la vision classique du deuil : maintenir une relation intérieure avec le défunt est normal et même protecteur. Il peut s’agir de parler au disparu, de lui écrire, de transmettre ses valeurs ou de perpétuer ses traditions familiales.

Ainsi, se reconstruire, ce n’est pas « effacer » la personne aimée, mais apprendre à vivre autrement, en portant son souvenir comme une ressource plutôt que comme un poids.

 

 

Le deuil est un cheminement intime, fait de ruptures et de réajustements, qui engage à la fois le cœur, l’esprit et le corps. Les modèles théoriques (Kübler-Ross, Parkes, Stroebe & Schut, Neimeyer) offrent des repères, mais aucun ne dicte une voie unique.
Traverser le deuil, c’est accepter la légitimité de ses émotions, respecter son propre rythme, chercher du soutien et, progressivement, redonner du sens à la vie.

Si vous avez besoin d’être aidé, pensez à contacter les associations de votre département, votre médecin généraliste, un psychologue ou tout autre professionnel de santé.

 

Deuil : définition, processus et étapes | Guide complet 2025